A.Miller - PORTRAIT:
" Elle a développé un concept de thérapie qui propose aux gens en souffrance de se confronter avec leur passé,
pour rencontrer l'angoisse de l'enfant battu, la ressentir et s'en libérer. Il s'agit de la peur enfantine
du parent tout puissant, qui pousse l'adulte à maltraiter les enfants. Nombreuses sont les propositions
ésotériques et spirituelles qui promettent une guérison, mais dont le seul but est de camoufler les terreurs
vécues dans l'enfance.
A. Miller - la VIOLENCE -
"On refuse (ou on n’est pas capable) de comprendre les relations entre la violence subie jadis
et celle répétée activement aujourd’hui.
On entretient ainsi l’ignorance de la société. On s’engage dans les activités qui exigent de
la violence. On se laisse influencer facilement par les discours des politiciens qui désignent des boucs émissaires
à la violence qu’on a emmagasinée et dont on peut se débarrasser enfin sans être puni:
races "impures", ethnies à "nettoyer", minorités sociales méprises.
Parce qu’on a obéi à la violence enfant, on est prêt à obéir à n’importe
quel autorité qui rappelle l’autorité des parents, comme les Allemands ont obéi à Hitler,
les Russes à Staline, les Serbes à Milosevic.(...)
On peut prendre conscience du refoulement, essayer de comprendre comment la violence se transmet de parents à
l’enfant et cesser de frapper les enfants quel que soit leur âge. C'est possible, beaucoup y ont réussi."
A. Miller - le DEVOIR, SAUVER NOTRE VIE -
"C'est une forme de devoir que nous avons chacun à l'égard de nous mêmes. Plutôt que de nous
enfermer dans la dépression ou, plus fréquevmment encore, dans l'auto-mystification et le déni
des souffrances qui nous ont été infligées durant notre enfance, il nous appartient de chercher à
nous en sortir en comprenant quels sont nos vrais besoins."
A. Miller - l'AMOUR SAVOIR -
"L'amour ne peut pas survivre aux sévices, à l'imposture et l'exploitation sans exiger de nouvelles victimes.
Et s'il lui faut des victimes, ce n'est plus de l'amour mais tout au plus la soif d'amour. L'engrenage ne peut être rompu
que si l'on fait toute la lumière sur la réalité de son propre passé,
sur ce qui est vraiment arrivé. Si je sais, et puis ressentir, ce que mes parents m'ont fait quand j'étais
totalement sans défense, je n'ai pas besoin de victimes, chargées de la fonction d'obscurcir ma conscience.
Je n'ai plus besoin de mettre en scène, inconsciemment, ce qui m'est arrivé autrefois, et de faire souffrir à
cet effet des personnes innocentes. Car aujourd'hui JE SAIS. Ce savoir, je ne laisserai personne
m'en priver si je veux vivre en individu conscient et non en exploiteur."
En 2008, je l'ai contactée pour lui signaler un passage d'un rapeur français que
j'ai cité dans mon propre livre et dont j'ai rapproché ses propos à ses écrits sur le silence.
Sa traductrice m'a répondu qu'elle avait accueilli ce rapprochement très agréablement.
"Le daron restait silencieux. Le silence est un bruit qui m'étouffe,
c'est un son en moi qui veut supprimer tout"
Swill - KF - "Dur comme un père " Album "A quoi ça rime?" Tsr Crew
A. Miller - Le
CORPS, L'ACCORD - "Dans les thérapies contemporaines les clients sont encouragés à ressentir
leurs émotions intensément. Cette pratique est courante de nos jours. Mais lorsque ces émotions
sont éveillées, des souvenirs refoulés de l'enfance émergent généralement.
Le patient est alors en mesure de se rappeler des circonstances d'abus, d'exploitation, d'humiliation et de blessures,
subies pendant les premières années de la vie, mais risque trop souvent d'être confronté à
une réaction dubitative de la part de son analyste. Les thérapeutes qui n'ont pas suivi pour eux-mêmes
ce cheminement sont rarement en mesure d'accueillir les souvenirs de maltraitances émergeant chez leurs patients.
Ceux qui le peuvent sont rares et difficiles à trouver. La plupart offrent à leurs clients
leur "pédagogie noire", c'est-à-dire la réplique presque exacte de la morale qui les a rendus malades.
Notre corps ne peut comprendre cela, il ne sait que faire du Quatrième Commandement:
"Tu honoreras ton père et ta mère. "De plus, contrairement à notre intellect, notre corps ne peut
être trompé par des arguments intellectuels. Il est le gardien de notre vérité
parce qu'il porte en lui l'expérience de toute notre vie et s'assure que nous puissions vivre avec
cette vérité incorporée. À travers des symptômes, il nous invite à reconnaître
cette vérité, non seulement émotionnellement mais aussi mentalement, afin que nous puissions vivre en
harmonie avec notre "enfant intérieur ", qui fut à l'origine abusé et humilié."
Extrait de l'hommmage rendu à A. Miller par Françoise Charasse,
thérapeute et membre de l'OVEO (observatoire de la violence éducative ordinaire):
"Alice Miller a levé le voile sur l’énorme gâchis que l’humanité perpétue depuis des millénaires en sacrifiant ses
plus petits à des principes éducatifs aberrants. Avant que les découvertes en neurosciences ne viennent confirmer
la pertinence de ses travaux, elle a compris quels dégâts psychiques et physiologiques peuvent provoquer des comportements
inadéquats s’appuyant sur ces principes. Les humiliations, les réprimandes, les coups, même "légers",
les négligences, le non-respect de l’enfant et de ses besoins fondamentaux - tendresse, protection, prise au sérieux de ses émotions… -
ont des conséquences graves sur son développement cérébral."
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