Propos du professeur Friedrich von Kekule (chimie):
En 1890 lors d'un congrès scientifique, von Kekule déclare
"Apprenons à rêver, messieurs!".
Sa préoccupation du moment était de découvrir
la structure moléculaire du tri-méthylène-benzène. Son rêve alors
qu'il dormait dans un siège face à un feu:
" Les atomes dansaient de nouveau devant mes yeux. Cette fois-ci, les plus petits
groupes se tenaient à l'arrière-plan. Mon oeil rendu plus perçant par la répétition
de visions de cette sorte distinguait de plus grosses structures aux formes très variées,
de longues rangées parfois associées se tordant toutes en mouvement serpentins.
Mais que vis-je? un de ces serpents venait de se mordre la queue et la forme ainsi obtenue tournait d'un air
moqueur devant mes yeux. je m'éveillai en un éclair."
Le professeur réalisa que la chaîne suggérée par les serpentins
et le serpent qui se mord la queue (l'ouroboros des mythes) figuraient le cycle benzénique.
Si ce Monsieur avait eu la malencontreuse idée de "contrôler son rêve"
et de faire disparaître les serpents, en supposant qu'il en ait eu peur, les recherches scientifiques
de chimie organique se seraient poursuivies pendant très longtemps.
Les Appellations
Aujourd'hui, une confusion de sens est apparue en ce qui concerne les appellations
"rêve lucide" et "rêve éveillé dirigé".
et elles sont entendues comme "j'ai le pouvoir de diriger mon rêve pendant que je rêve",
et ceci serait le but ultime.
Oui, il est possible de changer des éléments d'un scénario onirique,
mais s'engager dans cette voie est une erreur.
Aussi, je trouve utile et opportun de rappeler que le "rêve, le songe", comme l'a si bien dit Aristote,
"ouvre les portes de la perception". Ce qui sous-entend que notre perception dans le conscient est
limitée.
On a presque tous fait l'expérience de recevoir en songe
des informations qui dépassent son entendement, son esprit rationnel, son mental social
et qui ont aidé à résoudre une énigme de vie, à éclairer un point de son histoire.
Chacun peut comprendre que "vouloir contrôler son rêve" est absurde.
Or, on ne contrôle rien, on se ferme ! On se ferme aux opportunités, aux occasions nouvelles,
on ferme et on se renferme, on résiste à l'abandon, à l'accueil de soi-même et
aux "idées" qui ont changé le monde.
Rêve Lucide
On appelle un rêve lucide, un rêve alors que l'on est conscient de rêver.
Dit autrement, on réalise que l'on est en train de rêver pendant
le déroulement du scénario onorique et que l'on est endormi, . C'est très banal!
Inventeurs, artistes, écrivains... ont transmis leurs témoignages de leurs songes ont tous rapporté
qu'ils s'étaient rendu compte qu'ils rêvaient.
Voltaire écrivit "Henriade" d'après en songe:
"Je comprenais que je rêvais. Et je dois dire que je n'aurais jamais
pu écrire ce texte avec des propos que je n'aurais pas osé penser."
OSER PENSER! Deux mots pour dire toute la richesse qui est à portée de mains pour celui qui
s'abandonne, qui accueille et qui s'accueille, qui accepte l'idée que son savoir conscient est restreint.
André Breton qui disait : "le surréalisme repose sur la croyance en la toute puissance
des rêves" était, lui aussi, régulièrement conscient
qu'il rêvait. Il se gardait bien d'interférer sur le songe avec ses notions sur ce qui est
bien ou sur ce qui est mal. De telles interventions auraient non seulement tronqué le rêve
mais empêché la venue d'éléments "jugés bizarres" que sa simple imagination
ne pouvait faire surgir. Et le surréalisme n'aurait peut-être pas vu le jour.
Rêve Éveillé Dirigé
Le créateur du "Rêve Éveillé Dirigé" s'appelle Robert Desoille .
Né en 1890, ingénieur de formation et proche d'Eugène Caslant un polytechnicien qui se penchait
sur les phénomènes paranormaux, il s'intéressa de bonne heure à la psychologie et soumis
ses premières recherches à "Action et Pensée", revue de psychologie suisse.
Il publia en 1938 "Exploration de l'affectivité subconsciente par la méthode du rêve
éveillée", puis en en 1945, "le rêve éveillée en psychothérapie".
Dans son ouvrage, "Marie-Clothilde, une psychothérapie par le rêve éveillé dirigé "
(ed - Puf, red 1971), il raconte avec précisions toutes les étapes du processus:
"Lorsqu'elle est venue me voir, elle avait le plus grand mal à sortir de sa maison qu'elle voyait
brûlée, inondée, détruite pendant son absence. (...)
Elle ne mangeait plus, ne dormait plus, avait des désirs d'anéantissement."
Il explique qu'il met l'intéressée en état de relaxation et qu'il lui fait faire
"une rêverie" en donnant une image de départ car
"la rêverie spontanée est en général un rêve de compensation".
Ceci veut dire que lorsque quelqu'un m'expose qu'il fait des rêves dirigés, seul!,
il est, pour 95% des cas, bloqué dans une "rêvasserie plaisante compensatoire".
De plus, Robert Desoille
demande à l'intéressée qu'entre les séances elle relève ses scénarios nocturnes
car ils apportent de la matière supplémentaire au travail psychothérapeutique:
"Les images des rêves nocturnes peuvent également servir de point de
départ à un rêve éveillé pour explorer plus complètement certaines
réactions affectives du sujet."
Le rêve éveillé dirigé,
tel que l'a conçu Robert Desoille,
est une TECHNIQUE DE SOIN.
Elle a pour objectif de mettre en lumière les réactions "habituelles"
affectives et émotionnelles de l'intéressé et "même
celles dont il n'est pas coutumier mais dont il est capable en tant qu'être humain,
ceci dans un langage symbolique qui ne connaît aucune censure et qui lui permet de s'exprimer
avec le maximum de liberté".
Pour conclure
Le rêve lucide est un phénomène banal qui est arrivé à chacun au mois une fois
dans sa vie. Le rêve éveillé dirigé ne peut se dispenser de la présence d'un observateur
formé aux techniques psychothérapeutiques.
La différence, entre cette méthode et la
Respiration Consciente,
les Hyperventilations,
les Dyades,
est que ces dernières favorisent l'entrée dans un état modifié
de conscience, E.M.C., sans suggérer quoi que ce soit au pratiquant.
C'est le souffle qui accélère l'accès aux couches de soi qui n'apparaissent pas
ou trop furtivement et superficiellement, à l'état conscient.
L'observateur formé à ces techniques travaillent à partir de la
matière première que transmet le pratiquant comme un psychanalyste ou un onirocritique
le fait avec les rêves issus du sommeil.