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Enfants, Anges ou Démons ?
L'enfance est associée symboliquement à l' état de pureté. C'est "l'état antérieur à la faute". (dic.symboles - Chevalier et Gheerbrant).
Les qualificatifs, tels que innocent, bon, insouciant, angélique, sont spontanément rattachés à l'enfant.
L'enfance c'est la fraîcheur, la gentillesse, et d'après un raccourci assez obscur, l'incapacité à produire le mal et à voir le mal.
Est-ce si sûr ?
Symboliquement oui, l'enfance marque la première étape d'un cycle, qui n'est rien d'autre que la vie humaine.
En ce sens l'enfant représente le virginal, le pur dépourvu de toute tache, de toute mauvaises pensées, de toute intention perverse, puisqu'il n'a encore rien appris, et qu'il est censé tout découvrir, le meilleur et le pire qui l'accompagne parfois.
Aucune faute ne lui est attribuée.
C'est après que ça se gâte !
En grandissant, et grâce à ce que ses aînés lui transmettent, il apparaît que le jeune adulte puis l'adulte, l'homme, découvre la perfidie, la malversation, les arrières pensées, le plaisir de faire souffrir l'autre en oubliant le plaisir que l'on tire en ayant donné de la joie à l'autre. Il découvre aussi les mots, le langage, les idées, la connaissance, le savoir. Dans la foulée, il découvre qu'il peut tordre et retordre ces mots, ce langage, ces idées selon le sens qui servira son
intérêt immédiat. C'est ainsi qu'il intègre la perversion, sans même s'apercevoir qu'il s'est alourdi de cette charge.
On nous demande de "redevenir petit enfantpour recevoir le Royaume des Cieux" (Luc). Autrement dit, d'accepter d'abandonner ce qui a été appris, en bien comme en mal, se délester de tout, être "frais", l'esprit dépouillé de toutes charges intellectuelles, être simplement "innocent" loin des spéculations et des complications mentales.
Et pourtant, depuis Françoise Dolto, nous savons maintenant que l'enfant ne naît pas si innocent que ça. Dès le passage dans le ventre de sa mère il engrange ses émotions (à elle), ses ressentis, ses pensées, et aussi l'environnement au-delà de la mère. Il perçoit autant l'amour que la haine ou l'indifférence. Et il réagit à sa manière (à lui) face à l'amour, la haine ou l'indifférence.
Ange ou Démon, l'enfant ne jouit pas toujours, hélas, de l'état d'enfance, cette période de grâce, qui lui serait justement dû.
Dans les songes, il en est tout autrement, un enfant est un enfant. Il figure "l'état d'enfance", un petit bout de paradis.
Un bémol, cependant, lorsque l'enfant prévient le rêveur de son propre infantilisme, de son refus à participer pleinement à la vie, à réduire sa vision des choses et ses activités à des futilités, et de son refus de s'élever spirituellement.
Car tout enfant est destiné à grandir, à devenir adulte, à se confronter au bien et au mal, puis à faire son choix, à acquérir la sagesse puis la transmettre, et à trépasser. C'est la voie l'humain, de l'humanité !