Café-Rêves N°19

Animaux, Bestioles

"Les poissons, les reptiles et les batraciens ne rêvent pas…
Comme nous, ils (les animaux) rêvent de leur vie de chien, de vache, de singe…
la durée varie d'une espèce à l'autre…
Il est intéressant de remarquer que les animaux qui rêvent le plus
sont surtout les prédateurs qui s'endorment en toute confiance…"
Boris Cyrulnik - la plus belle histoire des animaux

Tout au début, l'Animal

Il était une fois l'Animal, il était une fois l'homme…. Qui a précédé qui? Selon Henri-Corneille Agrippa, les Gens - Café-Rêves Janvier 2007 - , l'animal est apparu avant l'homme, en suivant un ordre précis, les rampants, puis les marchants, puis les volants. Ayant de part et d'autre une perception de l'environnement très différente, la conscience de l'animal qui, de surcroît, varie d'une espèce à l'autre, n'intègre pas les mêmes données que celle de l'homme.
Bernard Werber, dans sa trilogie sur les fourmis nous décrit une société de fourmis se confrontant au monde des doigts. Les doigts, c'est nous, les humains ! Et poursuit-il, pourquoi ne pas imaginer une perception de l'homme, elle aussi, limitée qui n'aurait pas conscience d'un monde plus vaste, et d'êtres vivants plus évolués qui nous observeraient sans que nous puissions supposer qu'ils sont là…. Au tout début, l'Animal, oui ! Mais il y avait les hommes, aussi, et ces derniers avaient deux gros soucis :

. leur survie ou comment trouver des moyens de subsistance,
. les animaux ou comment leur échapper.


• Les parois des cavernes, les peintures rupestres fraîches en couleurs, savoureuses en détails, ont livré une somme monumentale d'informations sur les conditions de vie de cette époque. Notre Aïeul avait du talent ! Il a reproduit ces animaux, extraordinaires et effrayants, avec fidélité.

Mais pourquoi eux ?
Pourquoi n'a-t-il laissé aucune trace de ses congénères, de ses enfants, de son clan ?
Boris Cyrulnik répond qu'il est naturel de "dessiner avec précision ce qui bouleverse", et de laisser de côté ce qui est naturellement intégré dans le conscient. Il appuie son discours en rappelant que les enfants, ayant subi un choc émotionnel intense, le traduisent avec une grande aisance technique, et force détails graphiques, alors qu'ils "bâclent" (c'est mon mot) leur environnement ordinaire, c'est-à-dire ce qui ne pose pas de problème.
Or, l'Animal préhistorique, le monstre, posait problème. Sa surpuissance physique, "un coup de patte, un coup de griffe, un coup de dent…", était sans conteste. L'autre élément intervenant dans cette longue histoire d'attraction-répulsion qui créa la fascination chez l'homme, est la variété des espèces animales.
Face au petit homme, deux bras, deux jambes, une tête, des poils, se dressait un spectacle saisissant de contrastes : des animaux énormes et gigantesques, d'autres minuscules, et non moins dangereux, scorpion, serpent, d'autres à poils longs ou courts, nus ou à écailles, certains griffus, d'autres à sabots se mêlant aux plumés, ailés, et aux rampants,…
L'homme, lui aussi velu mais tout petit, fit connaissance avec les visqueux, les gluants, les froids, les chauds, les nageants, les marchants, les volants. Il rencontra 2 pattes, 4 pattes, mille pattes, des à terre, des sautant, bondissant, s'accrochant aux arbres ou s'y enroulant, planant au-dessus d'un cadavre ou le déchiquetant, bruyants ou silencieux, … Quel effroi !
Effroi d'autant plus envahissant que le facteur NUIT, surtout les nuitssans lune donc sans lumière, 15 jours par mois, renforçait les peurs et les angoisses, tout en déclenchant des fantasmagories de toutes sortes. La Nuit, l'homme dort, il est dans sont état le plus fragile, impuissant.

Lorsque l'homme dort, il rêve ! De quoi ? Rarement du paradis perdu ou à venir.

• On peut imaginer que nos ancêtres avaient à se débattre, encore un combat, avec des rêves exutoires. Revivre en force les effrois de la journée - se battre avec un dinosaure dans un songe, on s'en sort toujours ! Y compris quand le monstre a eu le dessus puisque, au petit matin, on se réveille avec tous ses membres, frais et alerte pour un autre jour - lui permettait de mieux les dépasser dans la vie éveillée, de gagner en assurance et éventuellement en astuce.
Écrire ses rêves ou sa vie éveillée en peinture sur une paroi, lui donnait une occasion supplémentaire de se familiariser toujours un peu plus avec le sujet de ses angoisses. Petit à petit, après le mur d'une grotte bien réelle et bien solide, l'homme a poursuivi sa projection sur le mur de son imaginaire, en plaquant aux animaux des attributs, bénéfiques ou maléfiques, selon son ressenti instinctif. Les instincts humains ne révélant pas de grandes variations au gré des races, il est normal que les croyances soient communes à toute l'humanité.
C'est pourquoi le symbolisme animal suit, à quelques nuances près, les ressentis initiaux.

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